A Kitchen with a Soul

10-12-2017 18:11

A la recherche de l’âme de la cuisine

Claudia Sigismondi et Andrea Proto di Santa Dorotea ont remporté A’Design Award 2015 pour l’Hôtel de Rougemont (et encore celui du 2016 pour les Résidences de Rougemont. Le couple de Romains oeuvre dans l’architecture, l’architecture d’intérieur, le design, l’art et la conception graphique. Un faisceau d’approches qu’il applique également aux cuisines. «Qu’elle soit luxueuse ou modeste, une cuisine a besoin d’une âme.» Et pour la trouver, cette âme, il fait dans le sur-mesure, comme on créerait un vêtement de haute couture. Rencontre avec Claudia Sigismondi, à Château-d’Oex, où les deux architectes ont basé leur studio, PlusDesign.
 
C. Sigismondi: La cuisine est devenue le «nouveau foyer», un lieu central, multifonctionnel, multitâches, convivial, que l’on montre avec plaisir. Si Le Corbusier parlait du logement comme de «la machine à habiter», la cuisine, c’est la machine dans la machine! Et pour que cela marche, une approche professionnelle est plus que jamais importante. Car en ouvrant la cuisine sur le living et le salon, on prend un risque: comment montrer, tout en cachant certaines choses peu agréables à voir – repas en chantier, vaisselle sale, etc. Il faut concilier les fonctionnalités les plus diverses, trouver un équilibre et une continuité entre la cuisine et le reste de la maison, tout en exploitant au mieux le budget et l’espace à disposition.
 
Plus précisément, quelle est l’importance du design aujourd’hui?
Pour toutes ces raisons, le design n’est pas un luxe, c’est l’espace qui en est un, étant donné la valeur du m2. Pour maximaliser ce potentiel, le design devient une nécessité.
 
Comment réussir cette ouverture de la cuisine sur le reste de la maison?
Nous résolvons cette tension entre ce qu’on montre et qu’on cache en jouant par exemple avec des éléments mobiles et des portes rétractables. Quant à la continuité avec le living, elle peut être assurée par des pièces de design: lampe à suspension faisant le coup de théâtre, table sculpture ou table ancienne en bois avec des chaises design, îlot central valorisé, accessoires, souvenirs de voyage…
 
L’ergonomie est également essentielle…
Le triangle des fonctions – stockage(frigo) cuisson et lavage (évier) – doit être correctement configuré pour éviter des déplacements inutiles ou inadéquats. Il y a une technicité à connaître pour utiliser rationnellement l’espace. De plus, une cuisine ergonomique permet d’économiser du temps. C’est précieux, à notre époque de masterchefs, où cuisiner est devenu très tendance.
 
Qu’est-ce qui guide vos choix?
Nos projets sont ancrés au contexte: l’espace lui-même donc mais aussi l’environnement – alpin, urbain, méditerranéen, etc. L’utilisation finale de cet espace par le client, ce qu’il en fera, est essentiel également. Entre tradition et innovation, il s’agit à chaque fois de créer quelque chose de nouveau, une réponse véritablement personnalisée.
 
C’est ce que nous appelez trouver l’âme de la cuisine…
Dans cette quête, nous sommes complémentaires. Andrea travaille particulièrement sur les aspects techniques, la visualisation 3D, l’optimisation de l’espace ainsi que sur l’éclairage qui, dans la cuisine devrait être invisible ou presque, tout en étant essentiel, tandis que je suis davantage portée sur le design, l’art et la psychologie du client pour mieux comprendre ses attentes. Je suis sensible aux vibrations des personnes et des lieux. L’âme d’une cuisine doit refléter les aspirations profondes du client vers lesquelles il s’agit de le guider, pour lui éviter des choix qui ne seraient pas les siens – tout le monde n’est porté vers le hightech de pointe ou les cuisines ouvertes – ou des mélanges de styles improbables.
 
Pour vous, le projet doit se marier avec un style. Lesquels sont les plus tendance?
Premièrement, le style industriel: cuisine technologique d’aspect brut, matériaux bruts, comme le Corten (acier oxydé à l’aspect rouillé), laiton… C’est plutôt chaleureux, et ce côté industriel, avec son élégance décontractée, convient bien aux activités du lieu. Ensuite, on voit beaucoup de cuisines vintage avec un design et du mobilier des années soixante, des petits carrelages, du lino effet marbre, etc.
Vous avez aussi le style minimaliste, fonctionnel, hightech, avec ses nouveaux matériaux très performants: Corian, pierres recomposées résistantes aux chocs et à la chaleur, grès cérame pour le plan et l’évier, verres de fine épaisseur, métal brossé, bois brut, etc. Et enfin, il y a une demande qui monte pour des cuisines bien-être, des matériaux recyclés sans substances polluantes, pour des bois récupérés, des résines minèraux, etc.
 
Vous qui travaillez à l’international, y a-t-il un désir de cuisine spécifiquement suisse?
Oui, ici, on ne court pas spécialement après les dernières tendances au niveau du design, les goûts sont plutôt traditionnels. En Suisse, on recherche un bon rapport qualité-prix, on apprécie la très bonne qualité, le durable à long terme et, pour certains, les matériaux écologiques.
 
Images:

  1. Photo du couple ©PlusDesign
  2.  Entre tradition et créativité: le style chalet. ©PlusDesign
  3. La cuisine d’une micromaison toscane de 45 m2 fait aussi office de couloir et accueille un lit amovible au-dessus du four. ©PlusDesign

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